forez

Forez



(A) Région.



 

(a) Ancien "pagus forensis" des carolingiens, le Forez est une région du département de la Loire, au Nord de Saint-Étienne. Du fait de frontières mouvantes, en particulier la frontière Forez-Auvergne, le Forez s'étend aussi à l'est du Puy-de-Dôme. La Plaine du Forez entoure la ville de Montbrison (42 600) en direction de Roanne (42 300). Il y a 300 millions d'années, un mouvement tectonique a fait surgir les monts du Forez avec l'ensemble du Massif Central. Au cours de l'ère Tertiaire, il y a 50 millions d'années, le plissement des Alpes a rajeuni ce relief en provoquant des fractures. Vers 35 millions d'années, s'est formée la dépression de la plaine du Forez. A Saint-Marcellin, on a retrouvé des vestiges des animaux du climat tropical d'alors (crocodiles, tortues). Les hommes ont connu les dernières éruptions des volcans et les derniers glaciers de Pierre-sur-Haute. Des silex de flèches montrent une occupation nomade de chasseurs, au Paléolithique. Le dolmen de Luriecq montre une occupation sédentaire au Néolithique. Avec les invasions des Celtes, le Forez géologique devient le territoire des Ségusiaves. On a trouvé une tombe et une épée au lieu-dit "Les Livattes". Avec La Guerre des Gaules, la Protohistoire des écrivains grecs devient l'Histoire gallo-romaine.


(b) La présence romaine est importante à Moingt (42600), ville thermale avec sa source ferrugineuse. Feurs (42110), le Forum Segusiavorum, était la capitale romaine du Forez avant d'être détruite par les Alamans ("Tous les hommes" survivants de différents peuples vaincus par Rome). Par la suite, les carrières de granite de Moingt et d'ailleurs, peu propices à la sculpture de détails, et les vestiges antiques ont fourni des matériaux pour les nombreuses églises romanes du Forez. Très tôt, la médiocrité des sols a poussé les habitants à pratiquer les échanges et le commerce. Strabon (vers 63-vers 25 avant Jésus-Christ), historien et géographe grec, signale déjà le goût des Foréziens pour le négoce. Il cite le trafic fluvial sur la Loire dès le niveau de Bas-en-Basset (43210). Dans ce monde gallo-romain les Foréziens parlaient un dialecte franco-provençal. Le Forez a participé au grand mouvement de populations que furent les Croisades. Pierre l'Ermite (vers 1050-1115) était moine à Saint-Rigaud en Forez. Les ancêtres de Diane de Chateaumorand, le grand amour d'Honoré d'Urfé, furent parmi les derniers défenseurs de Jérusalem contre les Turcs. Du fait de ces nombreux contacts, la langue de cette terre est restée très riche en parlures. Les traditions y sont nombreuses. Le conteur Henri Pourrat explique l'origine de son patronyme et peut-être sa vocation d'écrivain régionaliste. Le "pourra" est un pauvre. Il va de ferme en ferme, <<colportant les nouvelles, contant les contes, chantant les chansons.>>.


(c) L'ancienne capitale des Comtes du Forez est devenue une sous-préfecture de la Loire. L'autre sous-préfecture, Roanne, où passe la Loire, ferme la plaine au Nord. Connue des éleveurs de chevaux (Feurs, Saint-Galmier), la Plaine du Forez a été rendue célèbre dans 80 langues par Honoré d'Urfé (1557-1625). L'auteur de "L'Astrée" (1607-1629) a passé son enfance à la Bastie d'Urfé. La défaite de la Ligue l'obligea à trouver refuge en Savoie.


(d) Religion. La première église de Saint-Romain-le-Puy est construite par Carétène la femme de Gondebaud, à la place d'un temple païen, consacré à Vénus selon Anne d'Urfé. Elle dépendait de l'abbaye Saint-Martin-d'Ainay à Lyon. En effet, le roi des Burgondes, Gondebaud (474-516), succéda à son oncle Hilpéric, le fondateur du royaume de Lyon. En 534, le pays burgonde est incorporé à la Gaule mérovingienne. Sous les Carolingiens, le Forez sera divisé entre le pagus forensis (Pommiers-en-Forez, vers Roanne) et le pagus lugdunensis (Saint-Romain-le-Puy, vers Montbrison). D'où les rivalités ultérieures du Primat des Gaules avec les Comtes du Forez. Les prieurés de Montverdun (ancien lieu druidique) et de Savigneux dépendaient de l'abbaye de La Chaise-Dieu (Casa Dei, La maison de Dieu, fondée en 1043 par Robert de Turlande, le fils d'un chevalier auvergnat). Le pape Clément VI ayant été un moine casadéen, La Chaise-Dieu devient, par ses privilèges (hors diocèse) la seconde abbaye bénédictine après Cluny.


(e) Coutumes et pratiques monétaires. Au Moyen-âge, chaque comté ou région garde ses coutumes et adopte prioritairement telle ou telle monnaie, en fonction de ses zones de commerce privilégié.


- <<En Forez, en Lyonnais dès le milieu du XIV ème siècle, en Bourgogne ensuite, les contrats se stipulent en florins, avec des sous-multiples inspirés de la situation monétaire locale. On compte pour un florin 15 "sous estevenants" en Comté, 12 "gros de florins" - encore nommés "gros de petit poids" - en Forez. (Jean Favier, "De l'or et des épices", Fayard, Paris, 1987, page 182)>>.


(f) François de Kernevenoy (1520-1571), baron de Carnavalet, gouverneur du duc d'Anjou, chevalier de l'ordre du roi, est nommé gouverneur du Bourbonnais et du Forez. Il est mort à Paris le 29 juin 1571. A la même époque, Jacques I er d'Urfé, est bailli pour le seul Forez, de 1560 à 1574.


(g) Voir Mont Brison. Monts du Forez. Jas. Jasserie. Gaspard des Montagnes.



 

(B) Littérature.


 


(a) <Forez> est le pseudonyme choisi par François Mauriac, écrivain catholique, pour publier "Cahier noir", sous le gouvernement de Vichy, dans lequel il prend parti pour la Résistance au nazisme.


- <<Le Cahier noir, édité par les Éditions de Minuit, eut chez les intellectuels français un profond retentissement. L'auteur en était connu. François Mauriac ne pouvait pas se dissimuler sous le pseudonyme de Forez. La personnalité de Mauriac, l'âpreté de son style, l'élévation de sa pensée percèrent en quelques jours l'anonymat. Mauriac quitta son domicile. Mais il ne cessa de rester en contact avec les intellectuels résistants et d'assister aux séances du Comité national des Écrivains. (Louis Parrot, "L'Intelligence en guerre", Le castor astral, 1990, page 218)>>.


(b) Par la suite, Mauriac publia d'autres extraits de ses cahiers dans "Les Lettres françaises" clandestines.

 

 

 

(C) Compléments.

 

 

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